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No, I won't review Charlie Chaplin's movie but the one made by the brothers Dardenne from Belgium and that got the big reward at Cannes, la Palme D'Or, and whose title is:
L'Enfant
It would feel weird to write it in English, so bear with me, I'll do it in French. I'm pretty sure that frances_lievens would like this movie, not only because it's from her country but also because of the theme and she would think of our conversation on Kolhberg's scale and moral development!
Comme toujours les frères Dardenne font dans le social, et l'univers dans lequel leurs personnages évoluent est assez glauque et déprimant. Nous sommes dans la veine réaliste et aucune musique ne vient expliquer au spectateur ce qu'il doit ressentir ou ce qui signifient les images. Elles sont l'unique clé.
Une jeune mère, Sonia, sort de la maternité avec son nouveau né à la recherche d'un certain Bruno dont on comprend qu'il est le père de l'enfant. Il a loué son appartement pendant qu'elle était absente et vit de trafics et petits larcins commis par une bande d'ados sous ses ordres. L'argent est aussi facile à obtenir qu'à dépenser. Bruno qui ne se sent guère concerné par sa paternité, se laisse tenter par la suggestion d'une femme avec laquelle il fait des affaires: des gens sont près à payer pour adopter alors pourquoi ne pas vendre l'enfant?
Pourtant le film n'est pas une version moderne du Petit Poucet. Sonia la mère n'accepte pas le choix de Bruno, l'obligeant à récupérer le bébé pour éviter l'enquête policière, puis lui claque la porte au nez. De plus le film ne porte pas vraiment sur ce nouveau-né qu'on voit à peine (malgré tous les bébés figurant au générique de fin !) tant il est caché par vêtements chauds et landeau.
Le véritable enfant éponyme de cette oeuvre, c'est Bruno dont l'immaturité est maintes fois soulignée à l'écran (peut-être un peu trop d'ailleurs, deux scènes auraient suffi) qu'il joue avec Sonia, ou seul dans une flaque de boue et contre un mur, ou qu'il s'amuse des "vents odorants" du jeune Steve. Jérémie Rénier est formidable dans ce rôle qui ne le met guère en valeur. L'enfant c'est aussi Sonia dans une certaine mesure, mais chez elle la maternité accélère la maturation. Et c'est enfin Steve qui, à 14 ans, vole pour le compte de Bruno et joue les durs, mais dont les pleurs sont bien ceux de l'enfance lorsqu'il sort transi d'une eau glacée où le "coup" foireux de Bruno l'a plongé (une sacrée douche froide en effet !). Et son regard réprobateur de la fin en dit long sur le sentiment de trahison que seul un enfant peut ressentir à l'égard d'un plus grand qui n'a pas su être à la hauteur.
Et n'est-ce pas toute une société qui est désormais infantilisée par le capitalisme (et ces foutus téléphones portables! Si vous ne les détestez pas après ce film...)? Bruno peut-il être autre chose qu'un enfant irresponsable? On pourrait penser à la fin qu'il a grandi et appris...mais est-ce si sûr? Ne cherche-t-il pas, tel l'enfant qu'il est encore, en se rendant à la police, une protection contre ce monde extérieur impitoyable où l'attendent des Grands (les adultes du réseau criminel auquel il était subordonné et qui lui imposent le rachat du bébé) plus forts que lui et dont il ne peut être que la proie?
Le film est sobre, c'est parfois un peu trop filmé en gros plans, mais c'est peut-être aussi un des traits de l'enfance: manquer de distance et de hauteur de vue.
Deux séquences sont assez "jolies".
On y voit d'abord Bruno pousser un landeau (un peu comme un clochard pousserait son chariot). Le landeau est d'abord occupé par Jimmy le nouveau-né puis vide (après la vente de l'enfant). Le pas est léger malgré l'objet encombrant et Bruno finit par s'en débarasser pour quelques deniers euros. Métaphore d'une innocence perdue et d'une tête sans conscience?
Puis à la fin du film, repassant à peu près au même endroit, on le voit pousser un scooter, le moyen de transport d'un enfant un peu plus grand que Jimmy puisque l'engin était à Steve (ou à son frère), sauf que cette fois c'est plus difficile, beaucoup plus lourd que le landeau...Ce qu'il a fait commence à peser sur sa conscience. Bruno, un peu vouté, pousse péniblement le scooter jusqu'au commissariat pour finallement remettre les clés à Steve, rendre ce qu'ils ont volé , et se livrer. Les frères Dardenne semblent suggérer ici un chemin de croix moderne et une possible rédemption... dans les larmes.
Jimmy le bébé d'ailleurs ne pleure jamais pendant le film, mais les autres enfants, chacun à leur tour, finissent tôt ou tard par pleurer pour lui.
no subject
Date: 2005-11-11 05:16 pm (UTC)It strikes me that the brothers Dardenne more than once show us children that have to grow up too quickly. They play grown-ups, but play with the real thing, like children that are playing war with real guns. They don't know the risks. And you are right Kohlberg is important here, because he shows us that children only see the immediate consequences from their behaviour and not the bigger picture. You could say Bruno became a better person, morally speaking, by the end of the film. Unfortunately we don't know if he stays that way and why. Maybe he only gave in to peer pressure?